Il est tard, j’ai le corps léger et le cœur lourd. Quel voyage ! Du rire, de l’amour, de la tendresse, des larmes. Une invitation intime, un accueil chaleureux dans votre famille et dans votre cœur. Nous étions vôtres.
Des regards pénétrants, des corps à la fois puissants, ancrés dans la terre et pourtant capables d’une telle légèreté évanescente. Un subtil mélange de racines et de vent et surtout du talent.

Et puis au fil des instants de vie, une profondeur douloureuse, un vibrant hommage à une histoire encore bien présente aujourd’hui qui se cherche, qui se perd. La conscience physique, presque charnelle d’une vie simple, rude et parfois pauvre. Des bassines, des tissus, des chaises, des meubles restaurés, des repas familiaux rapides autour de la gamelle mijotante dont les effluves nous entourent.
Le temps qui n’existe plus ou si différemment, et dont le rythme, lent ou trépidant, rappelle au fil des notes de musique qu’il n’est que ce que nous voulons bien en faire.
Le vent froid et humide qui emporte les feuilles mortes comme les âmes. Le brouillard enveloppant de l’aube naissante, la lumière chaude de l’espace intime préservé des regards. Quel travail de lumières !

Un monde d’hommes, omniprésent, qui rivalisent et se respectent. Un hymne à la femme, enchanteresse et adulée, centrale et symbole d’avenir. Le benêt farceur capable d’exprimer au travers de ses jeux une telle poésie ! Et le père, silencieux, sombre, fatigué, résigné peut-être. La mère, solide, gère son monde d’une main de fer et veille, le couvant d’un œil attendri et sans cesse en alerte. Mais au-delà, et surtout, et toujours, l’humour, la joie et la force de vivre. Permanents, omniprésents. Et l’amour avant tout !
Il manque sans nul doute les enfants qui courent, crient, s’ébattent sous les regards vigilants. Oui, il manque les petits rois. Pourquoi cette absence ? Ne seraient-ils plus dépositaires de cette histoire, de cette culture ?
Un message généreux et pudique à la fois, loin des clichés si souvent colportés. Sous la poésie et derrière les sanglots du violon, j’ai ressenti au plus profond de mon cœur et de mon âme un puissant message de tolérance. Merci.

 Marie-Aude CLEMENT
04-12-2007 à Boulazac