Bonjour à toute l’équipe,

Où que vous soyez, entre des cerisiers en fleurs ou sur une place où coule une fontaine…

Je suis retourné voir “Parfum d’Est”. C’était à Elbeuf, et il faisait moche dehors. Je me suis installé plus au bord de la piste que la dernière fois, les gosses au premier rang, et je me suis laissé emporté. La proximité de la scène me permit de saisir les expressions, les visages, mais aussi la complicité des artistes entre eux, de déceler les ressemblances entre certains, et de déterminer qu’il s’agit en fait d’une vraie famille…

Et puis dans ces boucles aériennes, ces équilibres ténus, ces aboiements de chiens, ces roulements de muscles, il m’est apparu l’évidence: la clé de cette réussite, de ce voyage, c’est le chapiteau.

C’est une bulle dans laquelle rien d’extérieur ne perce. C’est un espace clos protégé des furies. C’est un microcosme où le malheur n’a pas d’histoire. Sous ce chapiteau, rien ne peut arriver. Il n’y a pas la maladie, il n’y a pas la pluie du dehors ou les mauvaises nouvelles, il n’y a pas d’enjeux politiques, il n’y a tout simplement pas la place pour les mauvaises nouvelles. Parce qu’il était bondé, sans doute, mais surtout parce qu’il était plein d’une énergie fantastique, pétillante. Il y a juste la vie sous ce chapiteau, avec ce qu’elle a de plus beau : les amis, les mains qui se tendent, la convivialité, l’amour, la passion, mais également ce qu’elle a de réel: la vieillesse, mesure du temps qui passe. Sous ce chapiteau, il y a 200 personnes (combien au juste?) qui sont sorties transformées sans le savoir en messagers.

Car une fois dehors, tout vous assaille de nouveau. Et il est alors si simple, si évident de se rendre compte de la futilité matérialiste qui nous anime pour comprendre que la vraie vie est sous une tente.

A mon grand regret j’ai été timide, j’aurais voulu les rencontrer à l’entracte, ces fournisseurs de rêves, mais je n’ai pas su…Je me suis contenté d’un “ne changez rien” bafouillé à la hâte…
J’ai quitté le chapiteau avec le blues du businessman, moi qui ne sait déjà plus toucher mes pieds par manque de souplesse, je suis rentré chez moi avec la sensation qu’on m’enfermait à nouveau dans une cage après m’avoir libéré pour quelques heures, le temps d’une incursion dans une bulle.
Comble de l’ironie, je ne pourrai même pas me rendre à votre fête anniversaire parce que mon quotidien professionnel m’en empêche…

Gardez précieusement ces chapiteaux, ils contiennent et retiennent les notes, les rires, ils renferment ces invisibles ponts entre le public et vous.
Ce spectacle n’a pour moi pas de prix. Et vous avez ici la déclaration d’un colporteur de votre nom…

Accessoirement, je prends la recette de la soupe “façon Rasposo”, pour prolonger l’illusion de proximité avec la troupe, et aussi, merci de m’indiquer comment acheter le CD des kapalest, je n’avais pas un rond en poche ce soir là…
Il me reste maintenant à patienter jusqu’à votre prochain spectacle. Quand?
A bientôt,

Hugues Chasselin
10-03-2007 à Elbeuf