Bonjour en ce matin semi blême sur la ville de Nantes, l’un de ces matins que l’on connaît bien dans la région et qui, je trouve, reflète assez fidèlement l’état d’âme qui m’anime depuis hier soir, depuis Le Chant du Dindon: mélancolique et lumineux à la fois.


Hier soir, je n’ai pas réussi à dormir. J’ai donc essayé d’écrire un petit texte pour pouvoir me délivrer le temps d’une nuit d’une émotion trop intense pour le repos. Ce texte n’est absolument pas à la hauteur de ce que j’ai ressenti, mais je voudrais quand même vous le faire partager, pour que vous ayez une idée de ce que vous avez déclenché en moi. 

“On sort de ce spectacle émerveillé, éveillé, revigoré… mais aussi avec une grosse boule au ventre. On a touché du doigt l’immensité de la solitude humaine, noyée pourtant dans les rires et les joies. On admire ces artistes, on rêve avec eux à une plus belle vie, mais on ne voudrait pas de leur vie, on les remercie de la vivre pour nous… On ne veut pas de cette vie, et pourtant, quelque part, on regrette. 
Ce spectacle était magnifique parce que tellement beau qu’il en était triste, tellement vrai qu’il en était mélancolique. On rit, mais on pleure à l’intérieur.
C’est ce genre d’émotion, brutale et contrastée, qui me frappe d’insomnie, comme ce soir: un mélange de découragement profond et d’attraction irrésistible pour ce monde, ces gens, cet art magique. C’est aussi cette émotion qui donne l’envie de pleurer mais qui retient les larmes bien cachées dans la boule au fond du ventre.
Cette émotion ne s’estompe pas aisément mais s’accroche en lambeaux à l’âme et la poursuit encore longtemps ensuite.
Et en même temps qu’elle me fait souffrir, cette émotion me rappelle combien il coûte et combien il importe de vivre, de la vivre. 
C’est insupportable, mais il ne faut surtout pas que ça s’arrête. Sinon, on est mort.
Au fond, c’est cette boule dans le ventre qui nous anime et fait de nous des êtres de création. C’est en faisant grossir cette boule dans le ventre que nous deviendrons peut-être artistes.”

Voilà, un fouillis de pensées en vrac, pour se débattre avec cette émotion un soir de cirque, tout en espérant qu’elle ne disparaîtra jamais… 

Merci, à vous tous. Je regrette de ne pas avoir pu remercier chacun d’entre vous après le spectacle, j’étais attendue sous d’autres cieux, d’autres mirages. 

Emilie, la ragazza du dimanche après-midi
28-03-2011 à Nantes