Saint – So (Saint-Sauveur)
Le chapiteau. La cabane. Le plein air.
A la nuit tombante
Les ampoules, la fête foraine, l’attente, les petits groupes
Puis on nous alerte – sono forte- on nous interpelle- du bruit- de la ducasse-de la fête foraine- de la parade – et la file se glisse dans la tente, dans la grotte

Là : le plancher- de la fumée- des créatures blanches- rouges blondes un aboyeur se démène un chauffeur – il nous secoue – nous fait crier – bouger – du théâtre forain de chez forain- CYRK en noir sur fond rouge sur la porte de l’enfer ! Et ça monte- et ça beugle – on fait la Holla – on interpelle une spectatrice – numéro de mentaliste de bazar – on fabrique un animal avec du plastic bleu – on frôle le mauvais goût- ça rie – ça crie- puis……………………………………………………………………………………………………

Choc des mondes – on part-voyage-choc-sensations fortes-un tourbillon tombe du haut du chapiteau-des pannes d’électricité-une chanteuse-une autre musique à chaque tableau-on voyage-on a peur-on sait pas où on va-

celle-là-(on ne sait pas qui est qui, ils font tout à…4) lance des couteaux entre les bougies- sur ses pieds nus- enfin-tout à côtés !-je suis tout près d’elle-je tremble à chaque lancer-on lace un corps blanc avec des fils électrique-elle se sauve sur le fil-la funambule-la danse sur le fil- panne-noir-les visages sont de plus en plus blancs-fantômes-clowns de cinéma muet tremblants sur le drap des premières projections des frères Lumière – un voile tombe autour du plancher-les « clowns » restent sur le sol-silence-un chien entre-très fin-très russe diront les gens-puis un deuxième et…un troisième-ils passent-presque-distraits-silence-on flotte-on rêve-un peu…Gérard de Nerval n’est pas loin-puis la machine-là aussi- la machine désirante repart-

Transe-grosse caisse-cris-Apollinaire- Dans la plaine les baladins…Elle-remonte sur le fil-multiplie les entrechats- (on est côte à côte très serré les uns contre les autres-du théâtre de foire-du théâtre de PEU-début du mot Peuple-on respire ensemble avec ma voisine de mon voisin-les accidents se multiplient-explosion-bouts de charbon de gayette qui tombent sur la danseuse au fil)

Puis l’homme-blanc-clown-chapeau pointu celui qui fait tout car ne l’oublions pas ilet elles font tout-on les confond-à travers le voile damasquiné- et puis le lancer de couteaux nous avons peur l’homme sacrifié-très peur-et c’est EN VRAI-en plein contexte numérique-distanciel-nous avons peur ensemble…

Les couteaux la danse de l’homme blanc chapeau pointu qui tend les couteaux pour sa mort qui attend d’être cloué au CYRK et le mot CYRK qui s’affaisse s’écroule tout de papier crépon- puis qui brûle autour du cercle de feu -le cerceau de l’enfance la roue première…on va passer de l’autre côté c’est certain…

La pantomime le projecteur qui s’éteint le rallumer on secoue le pylône il remarche puis on se porte on tombe on se relève on y retourne Laurel et Hardy ponctué du banjo et du cazou le tout à travers le voile flouté du rêve-de l’â-peu-près-visuel-corps flottant dans l’œil…drôle très drôle enfantin acrobatique diablement !

Enfin le pont-levis rouge de l’enfer TOMBE- la déesse maîtresse de cérémonie-un monument funéraire- le sac blanc plastic des morts-les fantômes ouvrent le sac et ils sortent les costumes d’une autre époque-le monde des clowns de Baudelaire-ou les figurines en plomb fin XIXème…et…surprise finale-Fellini- musique fanfare-trompette-tuba-la toile de l’entrée du chapiteau tombe-et nudité du réel au loin deux enfants-un clown et l’autre plus petit qui suce son doudou – l’un maquillé l’autre non-magique-Nerval sourit..Baudelaire fait le Zouave-la fanfare les rejoint ils sortent s’éloignent dans la nuit ils nous quittent Fellini s’endort tranquille. Nous sommes sous le charme-comme des enfants charmés par le joueur de flûte-nous sommes fatigués d’émotion-à plusieurs

C’était l’oraison
C’était Rasposo
C’est beau
Puis les groupes dans la nuit Saint-So,
Le petit bar sous la tente, le vin de Bourgogne,
Les paroles, les échanges, on tresse, on tisse,
L’â côté du spectacle l’autre moment-tout aussi important
A bichonner, à soigner…
Et on refait le spectacle
Et on refait le monde !
« le poème se fait et se défait sous nos yeux. » Octavio Paz
Voilà…
Le journal d’un Naïf du Prato
Sur la ligne de départ

Gilles Defacque
(Octobre 2021)